Petit dictionnaire franco-belge à l’usage des expats ou autres français en vadrouille

by - mardi, décembre 03, 2013


Depuis que je suis installée en Belgique (et ça ne fait pas si longtemps que ça, un bon mois à tout casser), j’ai pu noter que mon français n’était pas si différent que celui de mon voisin belge. Toutefois, même si le « choc » linguistique est nettement moins important qu’à mon arrivée en Australie (et heureusement d’ailleurs, vu qu’on parle la même langue !), quelques expressions, mots ou tournures de phrases entendues ici et là au gré de mes pérégrinations bruxelloises m’ont interpellés. Et honnêtement, j’adore ces petites différences et particularités locales, elles rendent les échanges plus intéressants et donnent aux dialogues que je peux avoir ici une petite pointe d’exotisme. (enfin tout est relatif, hein, la Belgique en soit n’a rien d’exotique à mes yeux de française :p).
Tout d’abord, je souhaite démentir un cliché entendu bien des fois avant de partir en Belgique : non, non, les belges francophones ne terminent pas toutes leurs phrases par « une fois ». Et la plupart d’entre eux n’ont pas non plus cet accent très fort qu’on leur prête en France, quand on essaye de les imiter. Enfin j’imagine qu’il doit y avoir un fond de vérité dans tout cela, mais pour le moment, je n’ai pas rencontré de belges répondant à ce cliché. Où se cachent-ils? Mystère !

Quarante, cinquante, soixante, septante, quatre-vingt, nonante…


Par contre, il est tout à fait vrai qu’ils utilisent les « nonante » et les « septante » à foison. Ainsi, si vous allez faire du shopping et qu’au moment de sortir votre carte bleue, la vendeuse vous dit que vous en avez pour septante-trois euros et nonante-neuf centimes, pas de panique, cela veut juste dire que vous avez dépensé 73,99€ (et qu’accessoirement votre banquier va vous appeler dans la matinée pour vous dire de stopper vos folies shoppingestes). Le seul problème, c’est que je dois maintenant apprendre à dire mon numéro de téléphone sans me planter entre le septante/soixante-dix et le nonante/quatre-vingt-dix. Non parce que forcément, mon numéro comprend les nombres 77 et 94. Qui a dit que c’était simple, de s’expatrier en Belgique ?
Mais finalement, ce sont les belges qui ont raison : nous avons bien les nombres trente, quarante, cinquante et soixante, alors autant continuer sur la lancée ! Par contre, je ne comprends toujours pas pourquoi ils ont gardé le « quatre-vingt » et ne l’ont pas remplacé par un huitante ou un octante… Si quelqu’un peut m’éclairer… ?

Toujours dans les chiffres, j’ai dû appeler un nombre incalculable de standards téléphoniques (pour mon assurance, ma banque, mon téléphone, Internet, l’électricité, etc. etc.) et j’ai toujours été surprise d’entre la phrase suivante : « Veuillez composer votre numéro de téléphone/numéro EAN/numéro d’abonnée (rayez la mention inutile) puis appuyez sur le carré ». Et forcément, j’ai regardé mon téléphone avec ses touches toutes carrées (ce serait pas drôle, sinon), sans vraiment savoir sur quelle touche appuyer… (en fait, le carré, c’est le dièse. Mais faut le savoir !).

Autre particularité belge : la confusion entre les verbes pouvoir et savoir. Depuis que je suis à Bruxelles, je crois que je n’ai pas entendu un belge me dire qu’il ne « pouvait » pas faire quelque chose. Non, dans ces cas-là, ils ont tendance à dire qu’ils ne « savent » pas faire. Là encore, pourquoi n’y a-t-il pas plus de distinction faite entre la capacité (pouvoir) et la connaissance (savoir), mystère. Du coup, quand un belge vous dit qu’il ne sait pas faire quelque chose, à vous de décoder s’il n’a pas la connaissance pour le faire ou s’il n’a pas la possibilité de le faire… Ca parait simple, comme ça, mais ça peut mener à de jolis quiproquos, toujours très drôles au final (notamment quand le facteur qui doit vous livrer un colis vous dit qu’il ne sait pas monter à l’étage…).

Essuie, tapis plain, kot, flat, friture et autres drôleries lexicales


Le parler belge est aussi plein de mots que nous ne connaissons pas, ou que nous utilisons dans un autre sens. Ainsi, si un belge vous dit qu’il habite un kot, c’est qu’il vit dans une chambre étudiante, tandis que s’il a la chance d’avoir un flat, c’est qu’il loge dans un studio. Au sol de son kot, il se peut qu’il ait un tapis plain (moquette), et dans sa salle de bain, vous trouverez probablement des essuies (serviettes de bain). Par ailleurs, il lui arrive de faire la file (la queue) devant une friture (baraque à frites) pour manger des frites (forcément) (n’oublions pas que ce sont les spécialités locales), qui lui seront servies dans un cornet. A savoir que le cornet est également le nom donné au combiné du téléphone (et quand dans une réunion de travail, un intervenant vous demande de décrocher le cornet, c’est dur de ne pas éclater de rire). Toujours dans le domaine culinaire, il est tout à fait normal que votre gaufre soit saupoudrée de sucre impalpable (c’est-à-dire notre bon vieux sucre glace).

Si un belge vous dit qu'il a essayé de vous atteindre un peu plus tôt dans la journée, pas la peine d'avoir peur. Il n'a pas essayé d'attenter à votre vie, il a juste essayé de vous joindre par téléphone.

Il faut également savoir que chaque commune belge a son bourgmestre (son maire) et que les pensionnés ne sont pas des écoliers que l’on met en pension, mais bien des retraités. De même, si on vous invite à diner, pour vous faire goûter au gratin de chicons (endives) ou de navettes (navets), surtout ne venez pas le soir. Le diner est en effet servi à midi, tandis que le souper est le repas du soir (enfin du soir… de 18h/18h30 plutôt).

Si vous souhaitez rendre visite à vos amis qui habitent en immeuble, vous aurez vraisemblablement à appuyer sur la sonnette du parlophone (interphone). Pour finir, si votre boss vous dit « vous pouvez me revenir tantôt avec les documents », cela signifie tout simplement qu’il faut revenir vers lui dans l’après-midi, avec lesdits documents. C’est simple finalement, non ?

Oh, et j’ai appris (dans le guide du routard, oui, oui) que manche à balle signifiait fayot. Je ne sais pas dans quelle occasion je pourrai utiliser ce mot, ni si cette expression est vraiment utilisée ici, mais je l’adore déjà !

J’imagine que j’en ai oublié, des expressions typiques ou des originalités du Français de Belgique, et que la liste va s’allonger au fur et à mesure du temps passé dans le plat pays. Qui sait, peut-être même que je vais en adopter quelques-unes et revenir en France avec un vocabulaire belge plus étendu ! Mais quoi qu’il en soit, je reste fan de ces expressions locales – utilisées à plus ou moins grande échelle – et espère bien en apprendre d’autres d’ici peu!

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2 petit(s) mots

  1. Pour m'être installée à Bruxelles en septembre j'ai souris tous le long de ton article ! il est vrai que leurs expressions sont je trouve bien sympathique et pour travailler dans une patisserie j'ai bien été assez vite obligée de prendre le plis de nonante et septante sous peine de me regarder avec des grands yeux écarquiller ?! ahah en tout cas j'aime la vie belge merci à toi pour cet article !!

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    1. Merci pour le commentaire :)
      Haha, j'avoue que travailler dans une pâtisserie a dû accélérer l'acquisition du vocabulaire belge ! De mon côté, j'ai aussi appris les "septante" et les "nonante". Maintenant, je dois juste faire attention à ne pas les utiliser quand je parle à des amis français, sous peine de passer pour une folle^^

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